Quand je serai dictateur, je ferai une petite opération de jambisation contre les vendus.
dans les chairs
Communiqué de l’équipe médic de la ZAD suite à l’intervention de la gendarmerie mobile du 15 avril 2013 au carrefour de la Saulce.
La malédiction gaz de schiste
La Malédiction du gaz de schiste
De la Pologne à la Pennsylvanie, Lech Kowalski met à jour le fossé entre le discours des industriels et la réalité de l’exploitation du gaz de schiste. Un film coup de poing.
Zamosc, en Pologne orientale : au hasard d’un tournage dans cette région rurale, Lech Kowalski rencontre en 2009 des paysans sur les terres desquels de grandes firmes américaines ont commencé à prospecter pour extraire du gaz de schiste. Fissures dans les murs des fermes, pollution des eaux, bulldozers investissant des champs à quelques dizaines de mètres des habitations… Les villageois sont inquiets. Or cette situation locale n’a rien d’anecdotique et témoigne d’un phénomène qui menace aujourd’hui toute la planète. Bradford County, aux États-Unis, est au gaz de schiste ce que l’Arabie Saoudite est au pétrole. Mais on est loin de l’image idyllique d’une « énergie non conventionnelle » propre et d’exploitation aisée que veulent donner les industriels. Dans ce petit comté du nord-est des États-Unis, le réalisateur filme des paysages dévastés et l’épuisement physique et psychologique des habitants.
Un combat inégal
Cinéaste underground, passionné par les groupes à la marge (les SDF dans Rock soup, les punks dans Born to lose) et les grandes tragédies de l’histoire européenne (Hitler’s highway), Lech Kowalski s’aventure ici dans les profondeurs de la campagne polonaise. Il dépeint le combat inégal de petites gens victimes de contrats léonins, pour la sauvegarde de leurs villages, de leurs maisons, de leurs exploitations agricoles, de leur eau et de leur santé – et qui remportent quelques victoires inattendues. L’enjeu est de taille : la Pologne voit dans cette énergie nouvelle une promesse d’indépendance vis-à-vis du gaz russe. À l’instar du travail d’investigation entrepris il y a deux ans aux États-Unis par Josh Fox dans Gasland – disponible en DVD chez ARTE Éditions –, ce documentaire constitue une mine d’informations sur les pratiques des compagnies de forage et sur les conséquences de cette exploitation sur la vie quotidienne des Européens.
La malédiction du gaz de schiste
mercredi, 13 février 2013 à 09:55
Pas de rediffusion
(France, 2012, 75mn)
ARTE
leur sécurité
A la fin de ce mois, l’État français rendra le nouveau Livre blanc de la Défense listant les orientations du Ministère pour les prochaines années.
On peut consulter le dernier rédigé sous N. Sarkozy.
blague du jour
Opération Phénix, la mort.
Alice
la parole d’un seul n’est pas la voix de tous
structure horizontale dit-on. reste que, même sans hiérarchie déterminée par des statuts, il se refait une hiérarchisation. par la grande gueule, par l’ancienneté, par la compétence, elle peut prendre plusieurs formes et pas les meilleures.
et là, malgré ce que l’on cherchait à éviter se remet en place : la voix d’un seul ou les voix de quelques un prennent le pas sur la voix de chacun, la voix de tous.
la voix de la grande gueule est la plupart de temps, la voix de l’aigreur. c’est la voix de celui ou celle qui croit deviner, sous le moindre geste, la moindre parole, la conspiration et l’adhésion de celui-là à cette manipulation mensonge. la voix de la grande gueule est souvent grossière, elle donne l’illusion de la liberté de ton en coupant la parole à tous. c’est parler fort, voire brailler. elle fatigue, on retient ses schémas simplistes, on se dit que peut-être, ce n’est pas faux, quelque part.
la voix de l’ancienneté sait tout, elle a l’expérience. elle a déjà vu comment cela se passe, on ne la lui fait pas. elle fait taire l’autre interrogeant sa légitimité à parler, à être là. elle lui ôte le droit de parole ou le poids de sa parole. elle refait du statut là où l’on voudrait que cela ne soit pas de mise.
la voix de la compétence joue aussi de la légitimité. la compétence. c’est le savoir, c’est le pouvoir qui s’affirme de biais. elle remet en question, juge. elle a l’arrogance de se croire dépassant la compétence en la remettant en question alors qu’elle en est le jouet, encore.
briser les hiérarchie, c’est aussi remettre en question ces position que l’on s’octroie dans le groupe, celle qui sont inclination. une grande gueule, l’ancienneté, une compétence, cela peut-être utile au collectif, au groupe, mais dans l’usage. non dans la recréation de statut, de pseudos jeux de légitimité. chacun est légitime, pas plus, pas moins que l’autre. l’enjeu est de recueillir la parole, la position de chacun, la voix de tous et non pas qu’un, en prenant l’initiative de l’expression finisse par faire taire chacun, tous les autres.
La presse et la ZAD, topiques de la littérature de voyage.
Après un silence désolant sur cette lutte commencée il y a bien des années, les articles sur la ZAD sont désormais légion dans la presse. A les suivre, à gauche comme à droite, je ne peux que noter que loin de dépasser le silence initial, ils le doublent soit, par la fiction, soit par la récupération.
Je dis fiction, puisqu’ils reprennent en quelque sorte les topiques de la littérature de voyage (voire, de voyage imaginaire). Le narrateur part pour quelques jours en observateur d’emblée extérieur, dans un lieu qui n’est pas considéré comme lieu de villégiature coutumier, il décrit le lieu, dresse des portraits des autochtones, rencontre des créatures merveilleuses ou terrifiantes, apporte ici ou là une touche d’exotisme.
Et par ces invariants forts bien répétés, je dois avouer, que lorsque je suis rentrée d’un premier passage dans la ZAD, c’est ce type de narration qui m’a été demandé par la plupart des interlocuteurs. J’en ai été profondément écœurée. A mon retour, c’est de politique dont je voulais parler et seulement avec quelques copains. J’ai donc préféré, avec bon nombre de personnes, garder le silence ou dire que j’étais bien trop fatiguée pour raconter quoi que ce soit, que j’en parlerai plus tard ou autre dérobade utile.
Par ailleurs, je dis récupération, puisque les journalistes/narrateurs ne sont évidement pas sans point de vue. Ce lieu de lutte devient le lieu d’un usage du discours d’État, le lieu d’une transmission d’une image de l’État, alors qu’à bien y regarder, ce lieu de lutte cherche à se dégager de tout discours d’État et créer son propre discours sur lui-même. Et il me semble que ce n’est pas seulement du fait d’une volonté de refus de l’État, mais aussi, pour certains, d’un repenser l’État. Il est ce qu’on pourrait appeler une « zone de l’en-dehors », une « zone libérée » ou du moins, une zone qui tend à se libérer. Évidement, je ne suis pas sans point de vue non plus, et on peut dire qu’étant donné mes orientations politiques, il me plait d’employer ce terme de « zone libérée ».
A titre d’exemple, je peux renvoyer à la lecture d’un article publié dans Le Figaro du 7 décembre de cette année « Les insurgés de Notre-Dame-des-Landes » par Raphaël Stainville. Dans Libération, on peut lire « Notre-Dame-des-Landes : résistance, mode d’emploi » de Sylvain Mouillard, publié le 29 novembre.
Je ne fais pas d’analyse de champs lexicaux, je préfère laisser le lecteur libre d’opérer par lui même, dans une lecture croisée de ces deux articles les tensions qui s’y dressent par les écarts de vocabulaire.
Je ne peux cependant m’empêcher de noter dans l’article de Raphaël Stainvile deux points qui m’ont fait sourire. Tout d’abord, dans la phrase « Seulement qu’il a quitté son squat dans le Morbihan deux jours plus tôt «pour venir en aide aux camarades assiégés» ». Étant donné que squatter remet en question la notion de propriété par la réappropriation d’un lieu, je ne vois pas comment on peut employer un article possessif devant le mot squat.
Par ailleurs, j’ai relevé une mignonne erreur, la radio de la ZAD, radio Kaxon, devient dans cet article radio Zodiac. Il me semble qu’il y a d’autres erreurs, par exemple le nom choisit pour les communications au talkie, lorsque R.S. parle d’une « Juliette 6 ». Il est allé à pied à Jérusalem, a-t-il vraiment été « infiltré » sur la ZAD ? On peut se le demander. Devant ces erreurs, je suis dans une attitude de double méfiance : méfiance à l’égard de sa parole, de la véracité de sa narration. Une question se pose, ces erreurs ne sont-elles pas aussi figures, des figures de fiction qui refont l’image de la ZAD et la transforme en un espèce de lieu mythique, mythologique. Dans ce sens, ce n’est plus la parole du narrateur qui semble artificielle, c’est le lieu lui-même. Il est invalidé par les effets de fiction du narrateur qui, dans ce sens, tiennent plus de l’ironie que de l’erreur. Ironie qui est tournée vers ceux qui connaissent la ZAD et qui par conséquent, se trouvent destinataires implicites de cet article.
On peut remarquer, pour le coup, que l’article de Libération joue de l’effet inverse. Il se veut être un rapport parlant « vrai », il s’annonce dès le titre comme un « mode d’emploi ». Il joue de l’effet de réel. Le narrateur est accompagné d’un guide et use et abuse des « guillemets ». Il se pose en quelque sorte comme passeur. Mais, sur un registre politique, comment peut-on, dans un lieu où comme il le dit, l’organisation est horizontale, prendre la voix d’un seul comme la voix de tous ?