systémique

Nous discutons avec W. des tournants que prennent la lutte à Notre-Dame-des-Landes. Dès la fin de l’hiver, les dissensions sur place étaient palpables. Il y a au centre, cette manière qu’a Julien Durand, qui au plus violent de la lutte, juché sur son tracteur se proclamait « paysan anarchiste », utilisant la diabolisation du mouvement opérée par la presse.

Ces derniers temps, sa réaction à la diabolisation et le passage dans lequel il s’engouffre, entraînant toute l’ACIPA à sa suite sont tout différents. Il ne se dresse plus contre le discours dominant, mais y fait écho, condamnant les actes de certains militants n’envisageant pas la lutte sous la même optique que la sienne, puisque plus proche du front de guerre qu’ont généré les expulsions de novembre dernier et l’occupation de la ZAD par la gendarmerie mobile.

Dans cet axe, une différence de plus en plus marquée est faite entre les adhérents de l’association, les paysans locaux, les « opposants historiques » et ceux qui sont nommés « les zadistes venus de toute l’Europe », les « professionnels de la violence », les « squatteurs » et autres qualificatifs, qui dans le langage journalistique, sont évidement dévalorisants.

La lutte meurt. En vérité, oui, la lutte se meurt. Sur la ZAD, ce que certains d’entre nous ont pu vivre de fort, de libre est écrasé par ces institutionnalistes. L’enjeu dépasse largement celui de l’aéroport, qu’ils s’en souviennent.

Avec cette note, je suis et redouble le clivage. Tristement, l’écriture des journalistes reproduisant le discours d’État est performative. Ceux qui lisent la presse, reprennent à leur charge ce discours de la domination, et réalisent, dans le réel, cette interprétation, qui n’est que celle d’un point de vue.

Qui parle, en quels nom et place ?

Interventions de Julien Durand dans la presse suite aux affrontements sur la ZAD du 15 avril 2013

Hier, dans la presse, nous avons pu lire diverses déclarations de Julien Durand chargeant les occupants de la ZAD, les accusant d’être violents et de vouloir, par des manipulations, nuire à la lutte. Ceci, sans aucune nuance et comme l’annonce cet entretien accordé à France 3 Pays de Loire en réponse aux demandes de l’ACIPRAN,

Julien Durand deviendrait-il un jaune en répondant à ces demandes de l’opposition !

Déclarations plus obscènes les unes que les autres, si l’on pense aux multiples blessés occasionnés suite à cette nouvelle intervention des gendarmes mobiles.

Par ailleurs, si l’on regarde de plus près, on remarque que sur le site de l’ACIPA, un communiqué de presse a été publié suite à ces événements, signé du même Julien Durand en qualité de porte parole de l’association. Et sur celui-ci, on voit réaffirmé le soutien de l’association aux zadistes et des propos nettement plus nuancés.

Julien Durand deviendrait-il schizophrène ?

Il semble, que pour plus d’honnêteté, le porte parole de l’ACIPA, devrait à chacune de ses interventions, spécifier, s’il parle en son nom ou en celui de l’association !

Chroniques de l’Etat policier

Ce lundi 15 avril après-midi, Ivan et Janos, membres du Réseau Résistons ensemble contre les violences policières et sécuritaires, diffusaient le petit bulletin mensuel du Réseau qui existe depuis 2002, et est à son 118ème numéro dans la Cité du Luth à Gennevilliers(92). Ils ont été arrêtés par 8 policiers sortis de trois voitures de la BAC et d’une voiture de police /sérigraphiée/, garées en travers de la chaussée, bloquant le trafic. Puis ils ont été amenés sous la contrainte au commissariat de Gennevilliers dans des véhicules séparés. Une fois au commissariat ils ont été placés en cellule de garde-à-vue, leurs empreintes ont été relevées et ils ont été pris en photo. Lors de leurs auditions respectives on leur a signifié l’accusation d’avoir détenu des affiches et tracts dont le contenu serait considéré par la police comme diffamatoire. On leur a également signifié qu’ils pourraient être convoqués pour la poursuite de cette affaire. Ils ont pu sortir du commissariat après ce qui curieusement leur a été présenté comme des « auditions libres », plus de deux heures après leur arrestation. A leur sortie les policiers ont refusé de restituer le matériel saisi et ainsi que de leur délivrer un reçu.

Combien de blessés faudra-t-il encore ?

Suite aux affrontements de lundi, Julien Durand, lors d’un entretien avec
un journaliste de Libération crée un clivage de plus entre divers types d’opposants à l’aéroport. Les classifiant au passage pour créer une dichotomie entre légitimes et non-légitimes.

Pire, il accuse, ceux qui se défendent face aux violences policières dont les méfaits ne sont plus à démontrer, de vouloir nuire à la lutte : « C’est de la provocation ! Une petite équipe de manipulateurs tente de faire dégénérer le mouvement d’opposition ! ».

Par ailleurs, avec une mauvaise foi inacceptable, il oublie l’opération Yes chicanes ! et tout le travail de ceux qui tiennent les routes pour que les riverains puissent circuler au mieux tout en protégeant la zone : « Les opposants historiques ont alors tenté d’expliquer que cette route, la seule restant en circulation libre dans la ZAD, est indispensable au travail des riverains et des paysans. «Manipulés par quelques agitateurs irresponsables, ils n’ont rien voulu entendre», déplore le porte-parole. »

Quels opposants historiques ? Qu’est-ce que cela veut dire « opposants historiques » ? Ceux des opposants qui subissent depuis des années les violences des gendarmes mobiles perdent-ils leur ancienneté lorsqu’ils se défendent ?

En outre, cette route n’est pas en « circulation libre » puisque le carrefour est constamment occupé par les forces de l’ordre depuis novembre 2012. Forces de l’ordre qui appliquent des ordres qu’eux-mêmes ne sont pas capables d’expliquer tant ils sont ineptes.

Quel est ce jeu opéré par Julien Durand, un jeu de communication pour tirer la couverture à soi et valoriser sa position tout en crachant sur ceux, qui au mépris des risques de blessures, d’arrestations arbitraires protègent « son territoire », la lutte. C’est utiliser certains occupants comme chair à canon et simultanément, se dégager de tout risque de
conséquences. C’est obscène.

Si personne n’avait résisté lors des affrontements de novembre, Julien Durand pourrait-il encore aujourd’hui parler de cette lutte, être encore en lutte ?

Faut-il rappeler à Julien Durand la longue liste de blessés sur la zone ? Faut-il rappeler que lutter contre l’aéroport et son monde, c’est lutter contre les violences policières, l’usage de ces armes dites non-létales dont l’État français fait désormais un commerce florissant qui s’exporte partout dans le monde ?

Il parle en son nom, sous couvert de son statut de porte-parole de l’Acipa pour légitimer sa parole. N’est-ce pas, justement, de la manipulation ?

L’intelligence de la lutte n’est pas la création de dissensions entre diverses modalités d’opposition. Et pourtant, trop souvent, certains font ce jeu du clivage sans reconnaître l’importance de chacun, sans reconnaître comme les différences des uns et des autres sont riches pour répondre à l’arbitraire de l’État sur tous les fronts.

Julien Durand veut-il que nous soyons blessés pour lui, veut-il que nous soyons emprisonnés pour lui ? Veut-il que nous nous couchions devant les gendarmes mobiles pour lui ? Veut-il faire le jeu de l’État qui diabolise les opposants en les désignant comme « professionnels de la violence », « terroristes » et autres qualificatifs ineptes ?

Il n’est pas question de dichotomie entre résistance pacifique ou pas, il est question de défense, de sauvegarde. Combien de blessés faudra-t-il encore pour que lui, qui ne vit pas chaque jour en subissant les provocations policières, les humiliations, comprenne que la résistance peut prendre plusieurs formes ? Combien d’éclats de grenades dans les chairs de ceux qui luttent à ses côtés faudra-t-il pour qu’il comprenne qu’il y a une différence notoire entre défense et attaque ?

Il n’est pas question de faire le jeu des forces de l’ordre qui font perpétuellement cette puérile inter-accusation cherchant qui a commencé, mais seulement de comprendre que la violence d’État est inacceptable.

Chroniques de la violence d’État à NDdL

La radio annonce maintenant qu’une personne s’est faite arrêtée hier à minuit dans les champs et passée à tabac par les flics. Elle a l’arcade en vrac et se trouve maintenant à Waldeck Rousseau (commissariat de Nantes)… De quoi faire monter la rage ici.

la parole d’un seul n’est pas la voix de tous

structure horizontale dit-on. reste que, même sans hiérarchie déterminée par des statuts, il se refait une hiérarchisation. par la grande gueule, par l’ancienneté, par la compétence, elle peut prendre plusieurs formes et pas les meilleures.

et là, malgré ce que l’on cherchait à éviter se remet en place : la voix d’un seul ou les voix de quelques un prennent le pas sur la voix de chacun, la voix de tous.

la voix de la grande gueule est la plupart de temps, la voix de l’aigreur. c’est la voix de celui ou celle qui croit deviner, sous le moindre geste, la moindre parole, la conspiration et l’adhésion de celui-là à cette manipulation  mensonge. la voix de la grande gueule est souvent grossière, elle donne l’illusion de la liberté de ton en coupant la parole à tous. c’est parler fort, voire brailler. elle fatigue, on retient ses schémas simplistes, on se dit que peut-être, ce n’est pas faux, quelque part.

la voix de l’ancienneté sait tout, elle a l’expérience. elle a déjà vu comment cela se passe, on ne la lui fait pas. elle fait taire l’autre interrogeant sa légitimité à parler, à être là. elle lui ôte le droit de parole ou le poids de sa parole. elle refait du statut là où l’on voudrait que cela ne soit pas de mise.

la voix de la compétence joue aussi de la légitimité. la compétence. c’est le savoir, c’est le pouvoir qui s’affirme de biais. elle remet en question, juge. elle a l’arrogance de se croire dépassant la compétence en la remettant en question alors qu’elle en est le jouet, encore.

briser les hiérarchie, c’est aussi remettre en question ces position que l’on s’octroie dans le groupe, celle qui sont inclination. une grande gueule, l’ancienneté, une compétence, cela peut-être utile au collectif, au groupe, mais dans l’usage. non dans la recréation de statut, de pseudos jeux de légitimité. chacun est légitime, pas plus, pas moins que l’autre. l’enjeu est de recueillir la parole, la position de chacun, la voix de tous et non pas qu’un, en prenant l’initiative de l’expression finisse par faire taire chacun, tous les autres.