systémique

Nous discutons avec W. des tournants que prennent la lutte à Notre-Dame-des-Landes. Dès la fin de l’hiver, les dissensions sur place étaient palpables. Il y a au centre, cette manière qu’a Julien Durand, qui au plus violent de la lutte, juché sur son tracteur se proclamait « paysan anarchiste », utilisant la diabolisation du mouvement opérée par la presse.

Ces derniers temps, sa réaction à la diabolisation et le passage dans lequel il s’engouffre, entraînant toute l’ACIPA à sa suite sont tout différents. Il ne se dresse plus contre le discours dominant, mais y fait écho, condamnant les actes de certains militants n’envisageant pas la lutte sous la même optique que la sienne, puisque plus proche du front de guerre qu’ont généré les expulsions de novembre dernier et l’occupation de la ZAD par la gendarmerie mobile.

Dans cet axe, une différence de plus en plus marquée est faite entre les adhérents de l’association, les paysans locaux, les « opposants historiques » et ceux qui sont nommés « les zadistes venus de toute l’Europe », les « professionnels de la violence », les « squatteurs » et autres qualificatifs, qui dans le langage journalistique, sont évidement dévalorisants.

La lutte meurt. En vérité, oui, la lutte se meurt. Sur la ZAD, ce que certains d’entre nous ont pu vivre de fort, de libre est écrasé par ces institutionnalistes. L’enjeu dépasse largement celui de l’aéroport, qu’ils s’en souviennent.

Avec cette note, je suis et redouble le clivage. Tristement, l’écriture des journalistes reproduisant le discours d’État est performative. Ceux qui lisent la presse, reprennent à leur charge ce discours de la domination, et réalisent, dans le réel, cette interprétation, qui n’est que celle d’un point de vue.

La malédiction gaz de schiste

La Malédiction du gaz de schiste

 Image 1De la Pologne à la Pennsylvanie, Lech Kowalski met à jour le fossé entre le discours des industriels et la réalité de l’exploitation du gaz de schiste. Un film coup de poing.
Zamosc, en Pologne orientale : au hasard d’un tournage dans cette région rurale, Lech Kowalski rencontre en 2009 des paysans sur les terres desquels de grandes firmes américaines ont commencé à prospecter pour extraire du gaz de schiste. Fissures dans les murs des fermes, pollution des eaux, bulldozers investissant des champs à quelques dizaines de mètres des habitations… Les villageois sont inquiets. Or cette situation locale n’a rien d’anecdotique et témoigne d’un phénomène qui menace aujourd’hui toute la planète. Bradford County, aux États-Unis, est au gaz de schiste ce que l’Arabie Saoudite est au pétrole. Mais on est loin de l’image idyllique d’une « énergie non conventionnelle » propre et d’exploitation aisée que veulent donner les industriels. Dans ce petit comté du nord-est des États-Unis, le réalisateur filme des paysages dévastés et l’épuisement physique et psychologique des habitants.

Un combat inégal
Cinéaste underground, passionné par les groupes à la marge (les SDF dans Rock soup, les punks dans Born to lose) et les grandes tragédies de l’histoire européenne (Hitler’s highway), Lech Kowalski s’aventure ici dans les profondeurs de la campagne polonaise. Il dépeint le combat inégal de petites gens victimes de contrats léonins, pour la sauvegarde de leurs villages, de leurs maisons, de leurs exploitations agricoles, de leur eau et de leur santé – et qui remportent quelques victoires inattendues. L’enjeu est de taille : la Pologne voit dans cette énergie nouvelle une promesse d’indépendance vis-à-vis du gaz russe. À l’instar du travail d’investigation entrepris il y a deux ans aux États-Unis par Josh Fox dans Gasland – disponible en DVD chez ARTE Éditions –, ce documentaire constitue une mine d’informations sur les pratiques des compagnies de forage et sur les conséquences de cette exploitation sur la vie quotidienne des Européens.

La malédiction du gaz de schiste
mercredi, 13 février 2013 à 09:55
Pas de rediffusion
(France, 2012, 75mn)
ARTE